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« DE L’INDEPENDANCE POLITIQUE A LA SOUVERAINETE NUMERIQUE DE LA RDC. ÉVALUATION ET PERSPECTIVES » ARTICLE SCIENTIFIQUE DE LOUIS D’OR BALEKELAYI NYENGELE

Par Louis D’or BALEKELAYI NYENGELE

Ingénieur concepteur en informatique de gestion,

Diplômé d’études approfondies (DEA) en SIC (UNISIC/EX IFASIC)

Chef de travaux au département de la communication numérique (ISIPA),

Doctorant en sic (UNISIC/ EX IFASIC) et chercheur en numérique

+24381888999

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INTRODUCTION

La souveraineté numérique est une problématique de grande actualité dans un monde en perpétuelle mutation grâce à l’assomption du nouveau paradigme numérique et ses enjeux multiples sur la marche de la société, en général, et de la République démocratique du Congo, en particulier. 

 

Très peu ou mal connue du grand public, la notion de souveraineté numérique a été abordée pour la première fois par nous dans une conférence scientifique en marge des matinées organisées par le Centre de Recherches en Sciences Humaines, CRESH en sigle. Matinées auxquelles nous avons été invités en tant qu’intervenant en qualité de doctorant-chercheur dans le numérique depuis une décennie. 

 

Nous avons ainsi estimé opportun de cristalliser aussi cette réflexion dans la revue scientifique de l’UNISIC.

 

En effet, la question de la souveraineté numérique presqu’intimement liée à celle de l’indépendance politique, à quelques nuances près, mérite d'être examinée en République démocratique du Congo après 65 ans d'indépendance. En ceci que la souveraineté numérique est un système qui permet aux dirigeants du pays de mériter la confiance des dirigés quant à la protection de leurs données personnelles, leur hébergement sécurisé dans les data center nationaux... 

 

La souveraineté numérique de la RDC est également liée à la maîtrise et au contrôle des systèmes informatique, électronique, de l’internet et de la fibre optique comme support de transmission pour les télécommunications. 65 ans d’indépendance après, il y a lieu de faire un état des lieux de cette question de souveraineté numérique du pays, en dégager les forces et les faiblesses et jeter les fondements théoriques pour la conquête de la souveraineté numérique du Congo-Kinshasa.

 

 Ce, après un diagnostic de la problématique dans sa globalité et sa complexité, mieux sa transversalité systémique ainsi que sa causalité circulaire. Problématique qui se situe dans le champ du numérique comme nouvelle discipline dans les sciences de l’information et de la communication au cœur desquelles la communication numérique occupe une place de choix.

 

 C’est pour cette raison que Michel MARCOCCIA écrit : « La communication numérique renvoie à toute forme d’échange communicatif dont les messages sont véhiculés par des réseaux télématiques, c’est-à-dire basés sur la combinaison de l’informatique et des télécommunications, de la téléphonie mobile en passant par l’internet. La communication numérique est donc le terme générique englobant divers types de situations de communication interpersonnelle (privé ou public) par courrier électronique, forums, tchats, plateformes de réseaux sociaux ». 

C’est dire que la communication numérique est une composante majeure de la souveraineté numérique.

« De l’indépendance politique à la souveraineté numérique de la RDC. Évaluation et perspectives », telle est la problématique sous examen dans cet article.

Pour des raisons méthodologiques et pédagogiques, notre intervention va porter sur 4 points à savoir : 

  1. Eclairage terminologique
  2. Regard historique sur le numérique congolais
  3. Absence de souveraineté numérique 65 ans après 
  4. Facteurs de conquête de la souveraineté numérique de la RDC

 

  1. ECLAIRAGE TERMINOLOGIQUE 

Un adage très célèbre dit « pour éviter la guerre, il faut commencer par définir les sens des mots ». Après deux matinées scientifiques consacrées à la thématique principale ci-dessus évoquée, et il nous a semblé inopportun de revenir sur la définition de quelques concepts opératoires de ladite thématique surtout après des brillants exposés des têtes couronnées du monde scientifique conviées à ces assises. Mais, pour respecter l’adage évoqué plus haut, qu’il nous soit permis d’élaguer tout galvaudage sémantique qui pourrait entourer les concepts du sous thème qui nous a été demandé de développer.

 

  1. INDÉPENDANCE POLITIQUE ET SOUVERAINETÉ

Le mot indépendance selon le dictionnaire des synonymes signifie l’autonomie, la liberté et la souveraineté. Son contraire est l’allégeance, l’asservissement, la dépendance, l’esclavage et la subordination 

Comme on peut le voir, indépendance et souveraineté sont des concepts voisins si pas synonymes en ce que la souveraineté sous-entend l’autorité suprême d’une nation, d’un peuple, d’un Etat qui n’est pas soumis à un autre.

 

Et donc, la souveraineté, c’est un pouvoir reconnu à un Etat d’élaborer ses lois et de le mettre en pratique en jouissant de l’exclusivité de ses compétences législatives.

 

  1. LA SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE QUID ?

Avec la présence de l’adjectif numérique, la souveraineté tout en gardant son contenu dans le fond porte une menace dans la forme quant aux méthodes et outils utilisés. Si la souveraineté au sens classique recourt aux méthodes dites analogiques quant à la façon d’élaborer les lois et les appliquer, la souveraineté numérique quand elle s’exerce dans un nouvel environnement numérique. 

Ceci nous oblige de comprendre le sens de l’adjectif numérique, sans être dans les détails de ses origines anglaises à savoir « number » tiré de la notion informatique de nombre binaire 0 et 1 , 0 comme absence d’information et 1 comme présence d’information.  C’est ce que l’on appelle en informatique le système de numérotation binaire, « binary digit en anglais » c’est-à-dire chiffre binaire , « bit », un bit représentant par convention 0 et 1. C’est la base même du fonctionnement de l’informatique, de l’électronique et bref du numérique.

Permettez -nous de vous épargner de cette gymnastique en faisant tout simplement remarquer que le numérique aujourd’hui est un nouvel environnement qui recouvre à la fois les sciences et les technologies de l’information et de la communication. Quand on parle du numérique, c’est aussi la combinaison de l’informatique, de l’électronique, des télécommunications mais également de l’intelligence artificielle 

Ainsi donc, la souveraineté numérique autrement appelée « cyber souveraineté » est l’application des principes de souveraineté au domaine des technologies de l’information et de la communication, c’est-à-dire à l’informatique et aux télécommunications. Bien que liée à l’internet, elle se veut un élément de la souveraineté politique, économique et nationale d’un Etat. C’est donc une nouvelle notion des sciences politiques qui sous-entend la maîtrise des technologies numériques dans sa façon de faire la politique, de bâtir l’économie moderne où les entreprises affirment leurs compétitivités par leurs capacités à utiliser les outils numériques. Ses fondements remontent aux années 1947-1951 après la seconde guerre mondiale quand les USA se sont imposés comme superpuissance mondiale dominante sur l’Europe de l’Est grâce au Plan Marshall (1966-1975).

Le premier personnage à utiliser l’expression souveraineté numérique en 2011, c’est Pierre  Bellager dans la revue les Echos quand il déclare ; «  la souveraineté numérique est la maîtrise de notre présent et de notre destin tels qu’ils se manifestent et s’orientent par l’usage des technologies  et des réseaux informatiques. »

Bref, la souveraineté numérique suppose pour un Etat sa capacité de produire des informations, de le stocker de manière sécurisée et de le stocker sur son territoire conformément à sa réglementation en la matière.

Ce déminage conceptuel étant fait, il y a lieu à présent de passer au point suivant qui est le deuxième de notre intervention.

  1. REGARD HISTORIQUE SUR LE NUMÉRIQUE CONGOLAIS
  1. 1 La problématique du numérique de 1960 à 2024

Après l’accession du 30 juin 1960 du Congo-Kinshasa à la souveraineté nationale et internationale, l’instabilité politique due aux sécessions du Katanga et du Sud Kasaï, le lieutenant Général Joseph Désiré MOBUTU, commandant en Chef de l’armée nationale congolaise prit le pouvoir par un coup d’Etat le 24 Novembre 1965 avec la destitution du Président Joseph Kasa-Vubu. 

 

Dans ce contexte, le Secteur stratégique des télécommunications dominé par une bureaucratie excessive et une concentration externe du pouvoir décisionnel et une absence d’esprit commercial dans un monde en pleine mutation n’a pas échappé aux réformes du nouveau pouvoir en place.

L’administration des postes, téléphones et télécommunications a pu céder la place à un établissement public dénommé « office congolais des Postes et Télécommunications » OCPT devenu aujourd’hui SCPT détenant le monopole absolu du service public et appliquant sa réglementation aux acteurs privés intervenant dans ce secteur.

Puis est né le « le Réseau national des télécommunications par satellite », RENATELSAT qui avait pour mission la transmission des programmes de la radio et télévision nationales de Kinshasa vers les Provinces, le tout se faisait dans une logique monopolistique qui a montré ses limites vers les années 1971 appelant de petites réformes suite à la dichotomie entre textes et réalités.

C’est en 1989 que l’opérateur privé Telecel est devenu Starcel par la suite spécialisé dans la téléphonie mobile sans fil. 

Toujours est à faveur de cette démonopolisation, en 1997, le Gouvernement oblige les opérateurs du Secteur à se conformer au GSM (Global System for mobile communication) comme standard officiel du fonctionnement des réseaux mobiles.

En 2000, Celtel Congo devenu Airtel Congo voit le jour suivi d’un autre opérateur privé en 2002, à savoir Vodacom.

Il a fallu attendre le 05 décembre 2012 pour voir Congo Chine Télécom (CCT) aujourd’hui Orange RDC ouvrir ses portes en RDC. Ce, avant Africel RDC (quelques mois après orange RDC la même année 2012, fait remarquer Jordy PANZA dans une monographie consacrée à cette question).

L’histoire du numérique congolais est intentionnellement lié au secteur des télécommunications qui a bénéficié des réformes de 2022 qui ont brisé le monopole jadis réservé à l’Etat, réformes apportées par la loi cadre n°013/2002 du 16 octobre 2002, à en croire KODJO NDUKUMA ADJAY, chercheur congolais en économie numérique.

La question à se poser aujourd’hui est celle de savoir si ces réformes contribuent à la lutte pour la conquête de la souveraineté numérique en matière des télécommunications. Nous répondrons à cette question dans la suite de notre exposé. Mais, il convient de noter aussi que l’histoire du numérique congolais est aussi liée tant à l’historique de l’informatique en RDC que de l’internet.

C’est en 1995 que l’internet est ouvert au public congolais à travers quelques cybercafés dans la capitale congolaise. Y avoir accès était un luxe étant donné les tarifs très élevés de la connexion proposés par les fournisseurs d’accès internet ou providers ;

Les recours à l’internet impliquent l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication que notre pays depuis 1960 continue à importer alors qu’il dispose de matières premières pour la fabrication locale de ces nouveaux outils informatiques. A savoir l’ordinateur, la tablette, le smartphone et les téléphones mobiles conçus dans les normes idéologiques et culturelles d’ailleurs et imposés aux filles et fils de notre Pays.

Sommes-nous numériquement souverains ? Nous répondons également à cette question à travers cette réflexion.

Enfin, pour boucler ce deuxième point de notre intervention, rappelons qu’il n’y a pas véritablement de connexion internet haut débit sans la fibre optique. 

L’histoire de ce canal de transmission des données est également liée à celle du numérique congolais. Voilà qui nous oblige d’en tracer sommairement le parcours de la genèse du projet à nos jours.

1.3. HISTORIQUE DE LA FIBRE OPTIQUE EN RDC : RATÉS ET ENJEUX MULTIPLES

La Fibre Optique est un fil en verre ou en plastique très fin, ayant la taille d’un cheveu et qui a la propriété d’être un conducteur de la lumière et sert de transmission des données numériques massives et sécurisées.

La fibre optique est aujourd’hui « un support beaucoup plus en vogue ; elle ne présente pas de dégradation de signal à cause de la distance par rapport à la centrale thermique. Pas non plus de parasites. Elle est insensible à l’humidité et aux variations thermiques. Il n’y a pas non plus de flux électrique ni d'émissions de chaleur. Elle ne connaît pas d’émission d’ondes électroniques à très haute fréquence et dont on redouterait les effets sur la sécurité ou les ondes qui caractérisent les technologies sans fil comme le WIMAX de la téléphonie mobile »

C’est par cela qu’il est précisé : « quelles que soient les technologies médiatiques utilisées, toute communication implique qu’il y ait transmission d’information représentées sous diverses formes : textes écrits (sons, images, données informatiques. Ceci implique que ces informations soient produites, traduites pour ensuite être véhiculées à distance par l’intermédiaire de divers réseaux téléphoniques, câble, satellites ou fibre optique qui forment l’ensemble du système médiatique ».

Comme cumul de transmission des données numériques massives et sécurisées, la fibre optique sous-marine, aérienne ou souterraine, les chercheurs dont nous-mêmes en particulier après 14 ans de recherche sur cette nouvelle technologie, affirmons à l’unanimité que la fibre optique est le meilleur support de transmission en termes de fiabilité. Elle prend donc la place qui était hier celle des câbles à paires torsadées, des câbles coaxiaux, des liaisons infrarouges, des faisceaux hertziens et des satellites qui ont démontré leurs limites dans la perte du signal au cours de la transmission des données.

 

Tout en en reconnaissant au satellite son importance en tant que vecteur du numérique pour sa connexion internet sur le plan économique dans les télécommunications et les prévisions météorologiques, sur le plan scientifique pour l’observation de la terre, de l’océanographie ou encore de l’altimétrie, la grande faiblesse de satellites par rapport à la fibre optique, c’est leur courte durée de vie. Soit 10 ans pour les satellites à orbite basse et de 15 ans pour les satellites géostationnaires. A ceci s’ajoute la lourdeur de ces outils à transmission et la perte du signal face aux intempéries mais aussi les coûts de fabrication et de leur lancement. C’est pour toutes ces raisons que la fibre optique reste un moyen d’interconnexion efficace.

Parce qu’il s’agit dans cette intervention d'évaluer 65 ans après l’indépendance, la marche vers notre souveraineté numérique, qu’ils nous soient permis de rappeler les grandes étapes de l’histoire de la fibre optique en République Démocratique du Congo comme nous l’avons fait pour le numérique dont elle est le catalyseur et pour les télécommunications et l’informatique.

Le but étant de voir si nous avons bâti notre souveraineté numérique en la matière.

L’histoire de la fibre optique remonte à la décennie 90 avec les projets AFRICAONE et SAT3 sous le Zaïre mais qui n’ont pas aboutit à cause de crise politique de l’époque.

En 2004, la RDC à un autre projet dénommé WAFS (West Africa Feston System). C’est un projet régional initié par l’Afrique du sud. Ce projet prévoyait le déploiement de Cape Town à Lome Togo.

Avec des points d’atterrage à Luanda, Muanda, Pointe Noire, Libreville, Limbe au Cameroun et Lagos au Nigeria.

En Mars 2008 sur vingt Million de dollars attendus comme engagements financiers, de la RDC, seuls onze millions ont été versés dans ce projet. Et le non-respect de ces engagements a eu pour conséquence la non connexion du pays à la fibre optique.

En 2009, un autre projet de déploiement de la fibre optique est proposé à la RDC dénommé projet WACS (West Africa Cable System). La SCPT a été chargée avec le ministère de tutelle de l’époque de matérialiser ce projet. Malheureusement sur le Six cents millions de dollars du coût global de ce projet la contribution de la RDC de l’ordre de vingt-cinq millions de dollars a payé au consortium n’ont été payés pour des raisons non expliquées.

C’est en 2010 seulement que la RDC a su suppléer Cinq millions neuf cents quarante-quatre mille cent cinquante dollars qui restaient sur le compte du projet antérieur non réalisé pour atteindre enfin le 25.000.000 $ exigés.

Le 18 février 2011, commencent les travaux de la pose du câble sous-marin à fibre optique à Muanda dans le Kongo central où devait être construite la station d’atterrage et cette argent à été détourné par un entrepreneur Indien  qui n’avait pour adresse que son numéro de téléphone et celui de sa chambre d’hôtel selon le Ministre de tutelle de l’époque Tryphon KIN-KIEY MULUMBA devant la représentation nationale répondant à une question orale avec débat à ce sujet le 11 mai 2012, la RDC a raté encore une fois de se connecter à la fibre optique à partir de Cap Town en Afrique du Sud.

Toujours en 2012, cette fois-ci, le marché de construction de la Station d’atterrage de la fibre optique à Muanda est confié à un autre entrepreneur dénommé DORECO et le projet est inscrit parmi les priorités de 100 jours du gouvernement MATATA. Et la station d’atterrage de MUANDA a été finalement construite.

Enfin, après que le signal haut débit de la fibre optique parti de Londres soit arrivé à MUANDA, la RDC à été finalement connectée à la fibre optique le 08 Juillet 2013. Une façon pour le pays de marquer un pas vers son entrée dans la société de l’information et du numérique. Comme on peut le constater, le projet de la connexion du pays initié en 1990 a connu un retard de 34 ans en 2024 pour connaître son effectivité mais sans que toutes les villes et tous les territoires ne soient connectés. La SCPT et la société congolaise de la fibre optique ont le meilleur statut de spectatrices sur un marché devenu concurrentiel et où les privées dictent la Loi et déploient leurs propres câbles à fibre optique.

Ce projet de déploiement de la fibre optique initialement réparti par le Gouvernement congolais en deux phases dont la phase I de 650 km financier par Exim-bank de chine à hauteur de 31 millions de dollars sous l’ancien régime prévoyait la connexion des villes et villages situés sur l’axe Muanda-Bomba-Matadi-songololo-Kisantu-Kasangulu et Kinshasa.La fibre y existe concurrement avec celles des privés et ne dessert presque pas directement les congolais. Les privés qui l’achètent auprès de la SCPT , censée la commercialiser, mais devenue canard boiteux faute de subventions de l’état, la revendent à très cher aux abonnés à la téléphonie mobile et autres biens et  services numériques.

La phase II, longue de 2.065Km financier à hauteur de 22 millions de dollars prévoyait le déploiement de la fibre optique sur l’axe devant relier Kinshasa à Lubumbashi- Kasumbalesa- chilabombwe en zambi en passant par Grand Bandundu et le Grand Kasai. Ce qu’on appelle l’autoroute internationale. Seule la province du haut katanga et du lualaba utilisent la fibre optique mais commercialisée par les privés. Les autres provinces situées sur cet axe, faute d’électricité qu’exige la fibre optique en sont privées.

Les autres phases devaient couvrir en fibre optique et relier Mbuji Mayi et Bukavu, Goma-Giseni au Rwanda d’un côté, Kinshasa à Kisangani (par le fleuve), Lubumbashi-Dilolo-Teixeira de souza en Zambie, Kamina- Kigoma (en Tanzanie) et de l’autre côté Kisangani-Isiro (par le fleuve et la rivière Ubangi), Zongo à Bangui (en Centrafrique) et le grand équateur en générale. Goma et kisangani, deux grandes villes utilisent la fibre optique commercialisée par les privées, laquelle fibre passe par l’Ouganda et le Rwanda. Cette dépendance numérique est un danger. 

Car, il suffit qu’un des pays coupe la connexion, comme ce fut récemment le cas la veille de la célébration le 02 Août 2024 du GENOCOST CONGOLAIS à Kisangani pour constater les dégâts ainsi que les conséquences de la dépendance numérique. Cette deuxième phase reste donc un défi pour le Gouvernement congolais dans le cadre de la mise en œuvre du plan national du numérique et l’installation de la fibre optique sur le backbone national et les rings métropolitains.

 Ceci nous amène à une évaluation globale de la problématique de la souveraineté numérique du pays après plu de six décennies d’indépendace politique.




  1. EVALUATION DE LA SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE DE LA RDC 65 ANS APRES INDÉPENDANCE

Cette évaluation mérite d’examiner et cela sans complaisance les forces et les faiblesses de notre pays dans sa marche vers sa souveraineté numérique après l’indépendance politique.

III.1. Forces

Il convient de relever les points forts du processus de numérisation de notre société ci-après :

  • Prise de conscience de la place du numérique dans la prise des décisions politique et son rôle de l'essor économique et la transformation digitale ;
  • Existence d’un cadre légal pour réglementer le secteur du numérique, des télécommunications et même de la communication numérique pour régenter le Marché numérique congolais. On peut citer de manière non exhaustive les textes ci- après :
  1. La constitution de la République Démocratique du Congo ;
  2. L’ordonnance-Loi n° 23/010 du 13 Marc de 2023 portant le code du numérique en RDC ;
  3. L’ordonnance-Loi n°20/017 du 25 novembre 2020 sur les Télécommunications et le NTIC
  4. L’ordonnance-Loi n°23/009 du 13 Mars 2023 fixant les modalités de l’exercice de la Liberté de presse d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite et la presse en ligne

A ces textes de loi s’ajoute un document important dénommé le Plan National du Numérique. Horizon 2025. Il s’agit de la vision du Président en exercice Felix TSHISEKEDI, vision portée le Gouvernement de la République dans sa politique du numérique et décliné en 4 axes. Il s’agit de :

  1. Les infrastructures
  2. Les contenus
  3. Les usages applicatifs
  4. La gouvernance-régulation 

Cette stratégie du développement numérique visé à l’horizon 2025 :

  • La mise en place et la modernisation ;
  • L’extension de la couverture des télécommunications et de l’accès au numérique ;
  • La sécurisation des voies et accès aux contenus numérique ;
  • La transformation numérique des administrations et des entreprises,
  • L’exploitation des plateformes des technologies financières ;
  • L’amélioration du capital humain ;
  • La production, la promotion, l’hébergement et la sauvegarde du contenu national ;
  • La promotion du numérique comme « levier d’intégration et de progrès social » par les politiques publiques.

Comme on peut le constater, cette vision peut contribuer à l’accroissement de la capacité du pays dans sa transformation numérique. Notamment la circulation des informations, l’économie de la donnée, l’économie de la croissance, la transparence et la traçabilité, l’interopérabilité des systèmes d’informations.

III.2 Faiblesses

65 ans d’indépendance après politique après, la RDC n’a toujours pas affirmé sa souveraineté numérique.

65 ans après, la RDC est toujours dépendante de l'extérieur du point de vue de technologies numériques.

Les moyens de communication, et les logiciels des gestions sont importés et imposés de l’extérieur sans tenir compte de nos réalités culturelles et de notre environnement socio-économique. 

65 ans après, la RDC, hormis le domaine .CD, récemment imposé par la loi mais pas toujours appliquée beaucoup de sites internet et données numériques sont hébergés à l’étranger.

65 ans après les comptes Facebook, WhatsApp, Tik Tok Instagram et autres sont gérés de l’extérieur ainsi que leurs contenus malgré le semblant de confidentialité.

65 ans après notre économie demeurent analogiques et extravertis mais aussi évaluée par les experts étrangers.

65 ans après, la RDC ne disposerait pas encore les outils numériques pour anticiper les évènements par la détection.

65 ans après, nos adresses mail Yahoo.fr, Gmail.com témoignent de notre subordination numérique aux pays du Nord.

65 ans après, les géants de l’internet mondial nous imposent des contenus idéologiques et souvent déviants (Google, Microsoft, Facebook et Amazon)

65 ans après, nos téléphones portables même ce que vous avez dans cette salle sont contrôlés de l'extérieur.

65 ans après, on ne dispose pas d’armée digitale structurée pour faire face à l’intox de la diabolisation étrangère.

65 ans après, nos télécommunications, notre fibre optique sont contrôlées par les privés au détriment des entreprises et établissements publics du pays.

65 ans après, nous subissons l’information idéologique collectée et traitée par les chaînes des télévisions satellitaires étrangères

Ces défis devraient nous pousser à nous unir pour la conquête de notre souveraineté numérique 

  1. FACTEURS DE CONQUÊTE DE LA SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE DE LA RDC

Plusieurs facteurs pour assurer notre souveraineté numérique méritent d’être sommairement évoqués. Car aujourd’hui même une indépendance politique ne vaut rien tant que l’on n’a pas connaissance du numérique qui englobe tous les secteurs de la vie.

  1. Facteurs politico-juridico-administratifs
  • La volonté politique d’investir davantage dans le numérique ;
  • L’instauration dans le système éducatif congolais des « humanités numériques » précédées de 2 ans de l’Ecole maternelle, 6 ans d’Ecole Primaire avec 50% des cours à caractère informatique et l’initiation aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Objectif : avoir une main d’œuvre qualifiée en numérique (télécommunications, informatique, électronique et l’intelligence artificielle) à l’horizon 2050
  • L’autonomisation du ministère du numérique et la création des divisions provinciales de ce ministère, le conseil national du numérique et ses répondants provinciaux. Objectifs ; création des emplois pour des milliers d’étudiants formés dans le domaine de la communication numérique en particulier et en numérique en général. Déjà la Russie en 2024 forme 1 millions praticiens du numérique à l’horizon 2050 pour réaffirmer sa souveraineté numérique par le contrôle de tous les secteurs de la vie nationale dans le contexte de la montée en puissance de l’art de la guerre digitale dans un monde en perpétuelle transformation numérique,
  • Des politiques publiques claires en la matière et évaluables. Notamment l’évaluation et la mise en œuvre du Plan national du Numérique
  • Application et vulgarisation en langues nationales du cadre juridique sur le numérique et les télécommunications. A savoir : 
  • L’ordonnance-Loi n° 23/010 du 13 Marc de 2023 portant le code du numérique en RDC ;
  • L’ordonnance-Loi n°20/017 du 25 novembre 2020 sur les Télécommunications et le NTIC ;
  • L’ordonnance-Loi n°23/009 du 13 Mars 2023 fixant les modalités de l’exercice de la Liberté de presse d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite et la presse en ligne ;
  • Loi organique n°11/001 du 10 Janvier 2011 portant composition, attributions et fonctionnement du conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication ; 
  • Loi n°014/2002 du 16 octobre 2002 portant création de l’autorité de régulation de la poste et des télécommunication, ARPTC en sigle ;
  • Révisitation du cadre légal sur les télécommunications qui fait la part belle aux privés nonobstant les bienfaits de la concurrence et redonner la vie et l’espoir aux entreprises et établissements publics du secteur comme la SCPT et la société congolaise de la fibre optique,
  • L’ordonnance-Loi n°23/009 du 13 Mars 2023 fixant les modalités de l’exercice de la Liberté de presse d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite et la presse en ligne ;
  • L’ordonnance-Loi n°18/019 du 09 juillet 2018 relative aux systèmes de paiement et règlement des titres, le fonctionnement des titres fonciers, la reconnaissance de la preuve et la signature électronique pour les transactions bancaires et financières, obligation de l’interopérabilité bancaire et paiement bancaire ( par carte, prélèvement ou virement, les peines fixées pour les infractions de paiement électronique) ;
  • L’ordonnance-Loi n°87-243 du 22 juillet 1987 portant réglementation de l’activité informatique au Zaïre ( à revisiter pour l’adapter aux enjeux de la révolution numérique)
  • Mise en place de la diplomatie numérique au niveau des institutions nationales, des ambassades de la RDC à l’étranger pour interagir en temps réel dans les échanges en relations internationales ;
  • L’instauration des visas électroniques d’entrée en RDC;
  • Formation d’une armée numérique nationale suréquipée avec les outils requis par l’art de la guerre digitale pour faire face à ce nouveau type de lutte politique internationale dans un monde globalisé où la possession anticipative de l’informations numérique est plus que le pouvoir politique pour défendre les nouveaux territoires numériques de la RDC (aérien, maritime, fluvial et lacustre) à contrôler par télématique et télédétection ainsi que l’Intelligence artificielle.
  • Investir dans la communication numérique par l’initiation aux usages et pratiques numériques ;
  1. Facteurs technico-économico-financiers.
  • Poursuivre le déploiement de la fibre optique sur le backbone national et les différents rings métropolitains en priorisant les entreprises locales pour assurer notre souveraineté numérique et réunir pour elles les conditions de commercialisation de la Fibre optique auprès des prives, condition pour assurer à moindre coût l’accès aux congolaises et congolais à la connectivité à moindre coût notamment pour la téléphonie mobile ;
  • A ce propos l’observatoire du marché de la téléphonie mobile, structure relevant de l’Autorité de régulation des Postes et télécommunications devait jouer leur rôle dans les limites de leurs compétences par rapport au ministère de tutelle et rendre trimestriellement compte du nombre d' abonnés à chaque société de télécommunications installées en RDC, la tarification officielle des biens et services numériques mis à ma disposition des congolaises et congolais ;
  • Nécessité de baliser anticipativement le terrain pour l’avènement de la dernière génération de la téléphonie mobile appelée la 5G et se préparer à accueillir la 6G attendue à l’horizon 2030. Les générations de téléphonie mobile changeant tous les dix ans après en fonction de leur latence (temps de téléchargement) et du débit (vitesse de transmission des informations ou données) ;
  • Obligation faite aux sociétés de télécommunications de verser au trésor public conformément à la loi °20/017 du 25 novembre 2020 sur les Télécommunications et les NTIC de 3% de leur chiffre d’affaires à revoir par ailleurs avec le concours de l’Inspection générale des finances pour la traçabilité au niveau du trésor public,
  • Contrôler en associant des experts congolais patriotes le déploiement de la fibre optique et son exploitation ouverte aux privés dans le respect des prescrits de la Loi en la matière,
  • Construction des Data center au niveau national et mettre fin à l’hébergement des données numériques du pays à l’étranger pour assurer notre souveraineté numérique et éviter des coupures de connexion internet par fibre optique à partir de l’étranger ;
  • Parachever les travaux de finalisation et de la mise sur orbite du satellite d’inspiration congolaise sans exclure l’ouverture prudente à l’expertise extérieure ;
  • Faire de la RDC un Hub électronique au cœur de l’Afrique ;
  • Moderniser, dans le cadre de l’immersion dans le marché numérique, l’économie nationale voulue diversifiée, pas exclusivement centrée sur les minerais et opérer la mutation substantielle vers l’économie numérique ou l’e-commerce (commerce en ligne) ;

3. Facteurs socio-scientifiques

  • Le télé travail pour raisons d’épidémie ou d’empêchement quelconque ;
  • L’école ou l’université à distance ;
  • La santé numérique ou la télémédecine ;
  • La recherche scientifique dans la bibliosphère (bibliothèque numérique),
  • L’interopérabilité des systèmes d’octroi des pièces d’identité (passeports, carte d’identité nationale, le permis de conduire …), notamment l’ONIP, les Ministères des affaires étrangères et des transports ;

Cette liste est loin d’être exhaustive, car le numérique est un secteur en perpétuelle mutation. Ce qui était nouveau hier ne l’est plus aujourd’hui et ne le sera plus demain. C’est tout le mystère futuriste des innovations technologiques.















CONCLUSION

A travers cette réflexion axée sur la problématique du passage de l’indépendance politique à la souveraineté numérique de la RDC. Évaluation et perspectives 65 ans après, notre démarche s’est voulue quadripartite. Nous avons premièrement fait un éclairage terminologique des concepts opératoires de la question sous examen pour en faciliter la compréhension et épargner au lecteur toute sorte de galvaudage sémantique. 

 

Deuxièmement, nous avons jeté un regard historique sommaire sur le numérique congolais, entendez par là l’internet, les télécommunications et l’informatique de 1960 à 2024. Nous avons également retracé l’évolution du projet de la fibre optique de la décennie 90 à 2013, année de la connexion officielle du pays à la fibre optique après 34 ans de retard pris. Ce, à cause de multiples ratés liés aux détournements des fonds alloués au projet de déploiement de ce câble d’une importance capitale pour l’avènement du numérique congolais. 

Troisièmement, nous avons fait un état des lieux du numérique en général et du taux de pénétration des nouvelles technologies de l’information et la communication et leur appropriation par les congolais. Il ressort de ce diagnostic que la République Démocratique du Congo dépend encore quasi totalement de l’étranger et que sa souveraineté numérique est à conquérir sans délai, au regard la menace que cette allégeance numérique représente pour le pays dans le cyber espace et les fous défis auxquels la patrie fait face depuis trois décennies d’insécurité.

 

Enfin, quatrièmement, nous avons fait des propositions pour la conquête de notre souveraineté numérique à l’horizon 2050. Ce, en indiquant les facteurs politico-juridico-administratifs, facteurs technico-économico-financiers et les facteurs socio-scientifiques. 

 

La combinaison de ces facteurs pour la souveraineté numérique de la patrie orpheline de nos pères de l’indépendance politique fera émerger une élite intellectuelle initiée dès le bas âge aux usages et pratiques numériques et le renforcement des capacités par de régulières mises jours des connaissances des experts congolais existants dans le domaine du numérique. Ce champ qui, aujourd’hui, recouvre l’informatique, l’internet et l’intelligence artificielle, les télécommunications et l’électronique mais aussi et surtout la communication numérique à travers ses outils que sont les médias sociaux et les applications mobiles.

Ceci est un premier effort du genre dans ce nouveau champ de recherches en sciences de l’information et de la communication dans notre Pays.
















BIBLIOGRAPHIE

 

  1. Ouvrages 
  1. ADEMA, J. et Alli, Introduction aux humanités numériques, Tome 2, Paris, open édition presse, 2006.
  2. Dictionnaire des synonymes Le Robert, 2017.
  3. FAILLET, C., L’art de la guerre digitale. Suivre et dominer à l’ère du numérique, Paris, Dunod, 2016.
  4. KODJO NDUKUMA ADJAYI ? cyber droit- télécom, internet, contrats de E-Commerce. Une contribution au droit congolais, PUC, 2009.
  5. Plan national du numérique. Horizon 2025. Pour une RDC connectée, Kinshasa, 2019.
  6. ROUGET, L,.  Le binaire au bout des doigts, Paris, UGA Editions, 2023.
  7. SENECAL, M. , Médias, technologies et réseaux. De la camera obscura aux balises de l’inforoute, Québec, Téluq, 1996.
  8. STIEGLER, D., MERIEU, P. et KAMBOUCHNER, P., L’Ecole, le numérique et la société qui vient, Paris, Editions mille et une nuit, 2012.
  9. TANEBAUM, A et Alli, Réseaux, Paris, 5e Edition Pearson, 2011.
  1. Revues 
  1. BOTCHAKA,D.M., Internet à Kisangani .Enjeux et perspectives in mémoireonline.com consulté le 22 juillet 2024 à 2h00.
  2. KIAMBU DI TUEMA, J., Déréglementation des services de télécommunications en république Démocratique du Congo et inégale répartition des ressources in Revue d’économie régionale et urbaine, 2009/ 5Décembre, pp.975-9994.
  3. MARCOCCIA, M., « Qu’est ce que la communication numérique écrite ? » in Analyser la communication numérique écrite, 2016, pp.15-18.
  4. MERCIER,A., « Le Binaire-Bases de l’informatique » in codeur Pro, n°679, 2022, pp.19-21.
  1. Mémoires
  1. BALEKELAYI NYENGELE L.D., Fibre Optique et Marché numérique à Kinshasa, Mémoire de troisième cycle, IFASIC, 2021-2022

 

  1. Textes officiels 
  1. L’ordonnance-Loi n°20/017 du 25 novembre 2020 sur les Télécommunications et le NTIC
  1. Webographie 

 

  1. https://online.edhec.edu/fr/blog/  consulté le 12 Décembre 2024 à 14H00.
  2. https:// www.wikipedia.org consulté le 25 juillet 2024 à 2h24.
  3. https://www. Blog lebarasmarter.com.uk ., « Le voyage des réseaux mobiles : De la 1G à la 5G »  consulté le 25 juillet 2024 à 9h12.














TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION. 2

I. ECLAIRAGE TERMINOLOGIQUE 3

1. INDEPENDANCE POLITIQUE ET SOUVERAINETE 4

2. LA SOUVERAINETE NUMERIQUE QUID ? 4

3. REGARD HISTORIQUE SUR LE NUMÉRIQUE CONGOLAIS. 5

II. 1 La problématique du numérique de 1960 à 2024. 5

1.3. HISTORIQUE DE LA FIBRE OPTIQUE EN RDC : RATÉS ET ENJEUX MULTIPLES. 8

III. EVALUATION DE LA SOUVERAINTE NUMERIQUE DE LA RDC 65 ANS APRES INDEPENDACE. 12

III.1. Forces 12

III.2 Faiblesses. 13

IV. FACTEURS DE CONQUETE DE LA SOUVERAINETE NUMERIQUE DE LA RDC 14

1. Facteurs politico-juridico-administratifs. 14

2. Facteurs technico-économico-financiers. 16

3. Facteurs socio-scientifiques. 17

CONCLUSION 19

BIBLIOGRAPHIE 21

TABLE DES MATIERES 23

« DE L’INDEPENDANCE POLITIQUE A LA SOUVERAINETE NUMERIQUE DE LA RDC. ÉVALUATION ET PERSPECTIVES » ARTICLE SCIENTIFIQUE DE LOUIS D’OR BALEKELAYI NYENGELE
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Les Etats-Unis sont un pays riche. Il y a des Kongolais(es) qui ne le savent pas (Tribune de Jean-Pierre Mbelu)

La question du deal entre les Etats-Unis divise les Kongolais(es). Pourquoi ? 

Des compatriotes ont peur que leur pays ne devienne le 51ème Etat américain. D’autres croient que ce deal est indispensable. Il va procurer la paix au pays de Lumumba. D’autres encore souhaitent que le Kongo-Kinshasa mobilisent des élites capables de négocier ce deal de façon qu’il soit gagnant-gagnant. Pour eux, cela est possible. Pour eux, le Président américain, Trump, est « un messie » pour le Kongo-Kinshasa. Il va sauver, à travers ledit deal, « la gâchette de l’Afrique » de la balkanisation et de l’implosion. Ils ont des preuves. Ils soutiennent que l’histoire témoigne que les USA ont participé positivement à la fin de la colonisation du Kongo-Kinshasa. A quel prix? Ils ne répondent pas à cette question.

Bref, il y a un débat interkongolais dont les minorités éveillées devraient tenir compte. Et puis, l’une des questions que ne semble pas soulever ce débat est la suivante : « Pourquoi, les USA, un pays immensément riche, a besoin d’un deal sur les matières stratégiques du Kongo-Kinshasa ? » L’une des réponses assez simpliste à cette question est qu’ils sont en compétition avec la Chine. D’accord. Mais pourquoi le Kongo-Kinshasa doit-il être le lieu où les deux s’affrontent ? Quelle est la finalité de cet affrontement ? Plusieurs compatriotes ne répondent pas à cette question.

Les USA ont 60% de la richesse du monde

Plusieurs compatriotes ne tiennent pas compte du fait que les Etats-Unis sont un pays immensément riche dont la métapolitique constitue, souvent, un mystère pour les « non-initiés ». Oui, les Etats-Unis sont un pays immensément riches et ils le savent. Pour le savoir, il est souhaitable d’étudier et de connaître leur histoire.

Telle est l’une des misères kongolaises actuelles : faire le plus de buzz possible même s’il faut « enseigner l’ignorance » et la bêtise. Le mépris du livre, le rejet de l’esprit critique et du débat nécessaire à la production de l’intelligence collective risquent de finir par faciliter, au coeur de l’Afrique, la recolonisation de sa « gâchette » avec des applaudissements.

En 1948, un groupe appartenant à l’ élite américaine présente un texte au Pentagone dont voici le contenu : « Nous avons à peu près 60% de la richesse du monde, mais seulement 6,3% de sa population. Dans cette situation, nous ne pouvons éviter d’être un objet d’envie et de ressentiment. Notre véritable tâche dans la période qui vient est d’imaginer un système de relations qui nous assure de maintenir cette disparité. [1]» Et il ajoute : « Ne nous berçons pas d’illusion que nous pouvons nous permettre le luxe d’être altruistes et bienfaiteurs de l’humanité. Nous devons cesser de parler d’objectifs aussi vagues et irréels que les droits de l’homme, l’élévation du niveau de vie et la démocratisation. Le jour n’est pas loin où nous aurons à agir selon des concepts de pure puissance. Moins nous serons gênés par des slogans idéalistes, mieux cela vaudra. [2]» Ce projet ne devait pas éveiller des soupçons. Il était porté par un désir de conquête de « toutes les régions destinées à subvenir aux besoins de l’économie américaine, c’est-à-dire, selon un de ses concepteurs, « l’espace mondiale stratégiquement indispensable pour s’assurer la maîtrise du monde, trouver de nouvelles terres, se procurer facilement des matières premières, en même temps qu’exploiter la main-d’œuvre ‘servile à bon marché’ des indigènes. [3]» En sus, « développer l’esprit des colonies leur permettra également d’écouler les marchandises produites dans leurs usines.[1]4»

Ce projet a vu le jour une année après la publication de la Charte des Nations-Unies promouvant les principes de l’égale souveraineté entre les Etats, de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers, de la réciprocité entre les Etats et du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes.

Ce projet vient s’inscrire en faux contre le respect de cette Charte en promouvant la règle de l’hégémonie américaine. Donc, lorsque les USA vont s’en prendre à la Belgique et au roi Léopold II afin de mettre fin à la colonisation du Kongo-Kinshasa, ils ne s’inscrivent pas dans une dynamique civilisationnelle. Non. C’est en vue de leur néocolonisation de ce pays et non pour les beaux yeux des Kongolais(es). A partir du moment où l’uranium kongolais leur avait permis de jouer un rôle déterminant au cours de de la deuxième guerre mondiale, ils avaient décidé d’en faire leur chasse gardée au grand dam de la Belgique[5] et du Kongo-Kinshasa.

Mobutu et le schéma expansionniste

S’assurer la maîtrise du monde, tel fut, au cours de la deuxième guerre mondial, l’objectif majeur de l’empire américain. Trouver de nouvelles terres, se procurer des matières premières à moindre frais en vue de réaliser des bénéfices mirobolants , cela a été la fin de cet expansion capitaliste.

Toutes les fois que Mobutu a cherché à sortir de ce schéma capitalo-expansionniste, « l’empire de l’intelligence » et ses globalistes ont tout fait pour le rappeler à l’ordre.

La Charte de l’ONU et les alliés de cette grande puissance devraient en payer les frais. Le Kongo-Kinshasa en a aussi payé les frais. Son premier ministre fut assassiné et la dictature de Mobutu fut instaurée.

Toutes les fois que Mobutu a cherché à sortir de ce schéma capitalo-expansionniste, « l’empire de l’intelligence » et ses globalistes ont tout fait pour le rappeler à l’ordre. Des témoignages écrits existent. En voici un. La guerre menée par procuration contre le pays fut orchestrée par « l’impérialisme intelligent ». « Ayant établi que Mobutu était un obstacle à la poursuite de l’exploitation des richesses en ressources du Congo, le Canada et les États-Unis ont choisi un nouvel allié en la personne de Laurent-Désiré Kabila, chef d’une rébellion armée dans l’est du pays, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). L’AFDL était également soutenue par des pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, deux autres avant-postes de la puissance américaine. [6]»

Trump : le sauveur du Kongo-Kinshasa ?

Après Mobutu, Laurent-Désiré a été assassiné après avoir cru qu’il pouvait rompre les liens créés avec les proxies des puissances expansionnistes et faire du Kongo-Kinshasa un Etat souverain.

Le Kongo-Kinshasa n’ a pas besoin de devenir le 51ème Etat des USA. Il devrait l’un des fers de lance de l’avènement du monde multipolaire en gestation en participant activement aux luttes émancipatrices que mène le Sud Global tout en diversifiant son partenariat stratégique.

Après Laurent-Désiré Kabila, ces puissances expansionnistes et globalistes ont promu à la tête du pays un mercenaire. Il les a aidées à fragiliser les institutions du pays en facilitant l’infiltration d’autres mercenaires et en dépossédant de tous ses moyens matériels, politiques, économiques, sociaux, culturels et spirituels d’actions.

L’actuel gouvernement du pays voudrait négocier un deal avec les USA en vue de rompre avec la spirale de l’hégémonie dominante dans laquelle le pays est pris depuis la Conférence de Berlin (1884-1885). Ses « communicateurs » et ses « analystes politiques à plusieurs cerveaux » soutiennent cette démarche. Ils estiment que l’administration Trump pourrait, une fois pour toutes, sauver le pays du risque de la balkanisation et de l’implosion. Elle pourrait trouver une solution durable à la guerre dont le pays souffre depuis plus de trois décennies. Trump serait un homme de paix.

D’accord. Néanmoins, cette façon de voir les choses pose des questions liées à l’histoire des USA. L’administration actuelle peut-elle leur rendre leur grandeur en renonçant à ses visées expansionnistes et hégémoniques d’hier ?

Lorsque les « communicateurs » et « les analystes kongolais à plusieurs cerveaux » traitent du salut que l’administration américaine actuelle pourrait apporter au Kongo-Kinshasa, ils mentionnent le rôle que pourrait jouer Erik Prince, un proche du président Trump, au pays de Lumumba. Le problème est qu’ils ne semblent pas avoir suffisamment lu ou écouté cet ancien des forces spéciales américaines et fondateur de la société militaire privée Blacwater. Il est aussi possible qu’ils l’aient écouté et qu’ils soient d’accord avec lui sur la recolonisation de l’Afrique et de l’Amérique Latine.

En effet, Erik Prince est un critique acerbe de ce qu’il considère comme étant « la mauvaise gouvernance » en Afrique et en Amérique Latine. Interroge là-dessus et recourant à un discours pseudo-humanitaire, Erik Principe répond : « Si vous allez dans ces pays et que vous voyez comment ils (les peuples) souffrent, sous les gouvernements absolument corrompus qui ne sont que des syndicats du crime, beaucoup d’entre eux méritent mieux.[7]» D’où pourrait venir leur salut ? Pour Erik Prince, « il est temps pour nous (les américains) de remettre notre chapeau impérial et de dire que nous allons gouverner ces pays si vous êtes incapables de vous gouverner vous-mêmes. » C’est clair et net. Le projet impérial est toujours en marche. « A son interlocuteur qui demandait s’il s’agissait de « coloniser à nouveau », Prince a répondu : « Absolument. ».[8]» Tout est dit. Dans les réponses d’Erik Prince, la Charte de l’ONU dont les principes ont été rappelés aux Rwandais et aux Kongolais dans « la Déclaration de l’Accord de principes » dont il a été question aux Etats-Unis il y a quelques semains est ignorée comme en 1948.

La misère kongolaise

Passer tout le temps à commenter les questions dites d’actualité, chercher à avoir beaucoup plus de « coeurs » après des émissions sur Youtube après avoir proposé des « réponses rapides » aux questions existentielles du pays, cela ne laisse pas aux « communicateurs » et « aux analyses à plusieurs cerveaux » le temps de lire, de se former et de s’informer aux sources alternatives.

Lutter contre la recolonisation du Kongo-Kinshasa est une question existentielle.

Telle est l’une des misères kongolaises actuelles : faire le plus de buzz possible même s’il faut « enseigner l’ignorance » et la bêtise. Le mépris du livre, le rejet de l’esprit critique et du débat nécessaire à la production de l’intelligence collective risquent de finir par faciliter, au coeur de l’Afrique, la recolonisation de sa « gâchette » avec des applaudissements. Le niveau de ceux et celles qui sont considérés comme des « élites » s’affaiblit davantage.Ils se sont transformés en « commerçants ». « Les communicateurs » et « les analystes politiques à plusieurs cerveaux » sous formés et sous-informés sont en train de s’emparer de l’espace public. Les minorités éveillées ont du pain sur la planche.

Lutter contre la recolonisation du Kongo-Kinshasa est une question existentielle. Il n’ a pas besoin de devenir le 51ème Etat des USA. Il devrait l’un des fers de lance de l’avènement du monde multipolaire en gestation en participant activement aux luttes émancipatrices que mène le Sud Global tout en diversifiant son partenariat stratégique.

Babanya

—–

[1] D. MITTERRAND, Le livre de ma mémoire, Paris, Jean-Claude Gawsewitch, 2007, p. 408. [2] Ibidem, p.408-409. [3] Ibidem, p. 408. [4] Ibidem. [5] La lecture d’Annie Lacroix-Riz et de Daniele Ganser peut inciter à repenser le titre du livre de Ludo De Witte intitulé « L’ascension de Mobutu. Comment la Belgique et les USA ont installé une dictature« , Bruxelles, Investig’Action, 2017.

La Belgique avait-elle réellement les coudées franches face au pays ayant initié le plan Marshall et dont l’un des présidents avait décidé que Lumumba devait être assassiné après qu’il ait pensée à la nationalisation des entreprises minières kongolaises ? Pour aller plus loin, Lire A. LACROIX-RIZ, Les origines du plan Marshall. Le mythe de « l’aide » américaine, Paris, Armand Colin, 2023. Lire surtout les pages 56 à 62. Annie Lacroix-Riz note que « l’aspiration des Etats-Unis au contrôle du monde avait exclu d’emblée toute discussion que des « sphères d’influence » avec leurs alliés officiels, britannique et soviétique. » Pouvaient-ils le faire avec la Belgique ? En lisant Annie Lacroix-Riz, il est clair qu’il n’en a pas été question.  »Une brève histoire de l’empire américain. Le mythe de l’exceptionnalisme », Paris, Demi-Lune, 2021, à la page 171 indique que les USA voyaient en Lumumba un danger dans la mesure où il envisageait la possibilité de nationaliser les entreprises minières opérant au Kongo. Et que « lors d’une réunion du puissant Conseil de sécurité nationale en août 1960, Eisenhower a donné au directeur de la CIA, Allen Dules, la permission d’ »éliminer » Lumumba. » (p.172)

[6] Autrefois dirigée par Patrice Lumumba, chantre de l’anticolonialisme, la République démocratique du Congo a de facto été recolonisée par le capital occidental | Investig’Action (investigaction.net) [7] A. ORAIN, Le monde confisqué. Essaie sur le capitalisme de la finitude (XVIe-XXIe siècle), Paris, Flammarion, 2025, p.260. [8] Ibidem.

Les Etats-Unis sont un pays riche. Il y a des Kongolais(es) qui ne le savent pas (Tribune de Jean-Pierre Mbelu)
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A PROPOS DU PROJET D'INTERNET PAR SATELLITE PROPOSÉ PAR UNE FIRME PRIVEE AMÉRICAINE (Analyse de Louis d'Or Balekelayi, chercheur en numérique)

Le satellite est le pire des supports de transmission de la connexion internet au regard des intempéries qui dégradent le signal de temps en temps.

 

Dans ma thèse de doctorat, je plaide plutôt pour un investissement dans le projet Fibre optique ( le backbone National et les différents rings métropolitains ) à travers le pays .

 

Dommage que le pays veut opter pour le satellite déjà dépassé comme technologie et support de transport du haut débit, du moins de ce point de vue .

 

Mais bon, comme c'est Elon Musk qui est l'oeil et l'oreille de Trump, qui veut avoir ce marché, et que nous avons besoin des américains pour la sécurité, il le gagnera certainement.

 

Mais nous allons le regretter un jour. La Fibre optique offre des opportunités inouïes avec un haut débit pouvant assurer la transmission sécurisée des métadonnées, la possibilité de bâtir notre souveraineté numériques par la mise au point des hubs et serveurs gérés au pays par les ingénieurs et informaticiens congolais. Sinon même nos adresses mail via Yahoo et gmail et d'autre informations stratégiques seront toujours contrôlées de l'étranger malgré la fausse clause de confidentialité sur moult plateformes numériques. Notre souveraineté numérique passe par l'appropriation du numérique comme levier de développement et d'intégration sociale.

 

En attendant de lire ma thèse de doctorat, je vous recommande de lire mon mémoire de DEA( Troisième cycles dont le sujet fut " La fibre optique et le marché numérique à Kinshasa".

 

Nous y reviendrons

Louis d'0r Balekelayi, chercheur en numérique, chef de travaux, Doctorant.

A PROPOS DU PROJET D'INTERNET PAR SATELLITE PROPOSÉ PAR UNE FIRME PRIVEE AMÉRICAINE (Analyse de Louis d'Or Balekelayi, chercheur en numérique)
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A PROPOS DU PROJET D'INTERNET PAR SATELLITE PROPOSÉ PAR UNE FIRME PRIVEE AMÉRICAINE (Analyse de Louis d'0r Balekelayi, chercheur en numérique)

Le satellite est le pire des supports de transmission de la connexion internet au regard des intempéries qui dégradent le signal de temps en temps.

Dans ma thèse de doctorat, je plaide plutôt pour un investissement dans le projet Fibre optique ( le backbone National et les différents rings métropolitains ) à travers le pays .

Dommage que le pays veut opter pour le satellite déjà dépassé comme technologie et support de transport du haut débit, du moins de ce point de vue .

Mais bon, comme c'est Elon Musk qui est l'oeil et l'oreille de Trump, qui veut avoir ce marché, et que nous avons besoin des américains pour la sécurité, il le gagnera certainement.

Mais nous allons le regretter un jour. La Fibre optique offre des opportunités inouïes avec un haut débit pouvant assurer la transmission sécurisée des métadonnées, la possibilité de bâtir notre souveraineté numériques par la mise au point des hubs et serveurs gérés au pays par les ingénieurs et informaticiens congolais. Sinon même nos adresses mail via Yahoo et gmail et d'autre informations stratégiques seront toujours contrôlées de l'étranger malgré la fausse clause de confidentialité sur moult plateformes numériques. Notre souveraineté numérique passe par l'appropriation du numérique comme levier de développement et d'intégration sociale.

En attendant de lire ma thèse de doctorat, je vous recommande de lire mon mémoire de DEA( Troisième cycles dont le sujet fut " La fibre optique et le marché numérique à Kinshasa".

Nous y reviendrons

Louis d'0r Balekelayi, chercheur en numérique, chef de travaux, Doctorant.

A PROPOS DU PROJET D'INTERNET PAR SATELLITE PROPOSÉ PAR UNE FIRME PRIVEE AMÉRICAINE (Analyse de Louis d'0r Balekelayi, chercheur en numérique)
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